
« Perversion des âmes et poésie du macabre au service d’une des fictions les plus noires jamais publiées sur les serial killers : sans concession, choquante, répulsive. Un roman fascinant et extrémiste. Un livre violent dont aucun lecteur ne sortira indemne. »
Dès le début, la couleur est annoncée. Et vraiment, mieux vaut savoir à quoi s’attendre avant de commencer ce roman. C’est violent, cru et malsain. Suivant deux tueurs en série à la fascination obsessionnelle pour les jeunes hommes, le récit nous embarque au sein de la pègre devenue leur terrain de chasse, de tortures et de mort. D’abord Andrew, échappé de prison et passant pour mort aux yeux de tous, et puis Jay, qui savoure impunément ses crimes dans l’ombre. Et au milieu de tout cela, il y a aussi Tran, un jeune homme égaré, rejeté par sa famille et tombé amoureux de Jay, sans avoir connaissance de sa nature ni des intentions véritables de ce dernier.
Je ne suis pas certaine de ce à quoi penser face à cet ouvrage. La première question que je me suis posée en fermant ce livre, ça a été : Pourquoi j’ai lu ça ? C’était la première fois qu’un livre me choquait autant. Et puis je me suis demandé quelles étaient les intentions de l’auteur derrière toute cette violence. Pour moi, cela reste très vague. Cette violence à la précision chirurgicale est peut-être autant une barrière à la réponse que la réponse elle-même.
D’un côté, les descriptions font froid dans le dos, terriblement glauque et violente, avec en plus le point de vue de deux personnages meurtriers et particulièrement immoraux. De l’autre, c’est terriblement bien réalisé. Il n’est pas question de s’attacher aux personnages principaux, hormis peut-être ce pauvre Tran mais dont malheureusement l’avenir est déjà tout tracé, pourtant le style, duquel le narrateur extérieur s’efface complètement, la tension et un genre de suspens qui se met en place ont provoqué une fascination pour cette lecture. C’était perturbant, provoquant, repoussant même par moment, avec des allusions et inspirations claires par rapport à l’affaire Dahmer, dont la condamnation ne date que de quelques années avant la publication originale de ce roman.
C’est un peu une revisite de cette affaire, mise en scène de façon cru afin de pousser à la provocation et de mettre le lecteur en face de ce que l’homme peut faire de pire. J’y ai vu beaucoup de violence qui peut paraître gratuite mais qui au fond semble servir un genre de dénonciation d’une société décadente. Pour autant, il n’est pas question de remonter aux racines du mal et d’y trouver des explications et encore moins des « excuses ». Il est retenu ici toute la monstruosité de l’individu. Le spectre en est élargi ou plutôt disséqué à travers les différents protagonistes et met le lecteur face à tant de noirceur et de décadence dans la société que c’en devient dérangeant mais magnétique et troublant. Juste avec la froideur des mots, la brutalité des actes, et la mort avec laquelle les personnages flirtent d’une manière ou d’une autre.