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Numérique, Sergueï et Marina Diatchenko

Vous vous souvenez quand je vous ai parlé de mon amour pour Vita Nostra ? Eh bien, ça y est, j’ai lu le tome 2 : Numérique.

Quatrième de couverture : « Vita nostra brevis est, brevi finietur… « Notre vie est brève, elle finira bientôt… »

Testeur de jeux vidéo d’une nouvelle génération ? Une aubaine pour Arsène, ce gamer surdoué d’à peine quinze ans. Mais, ce job en or, il n’est pas le seul à y postuler et la compétition sera rude.

Tout cela pour le compte de l’insaisissable Maxime, dont les desseins sont ambigus. Pur charlatan ? Aimable manipulateur ? Visionnaire d’un monde virtuel à venir ? Ou plus déconcertant encore ? « Je transfigure le matériel en immatériel et inversement. »

Entre désir et réalité, demi-vérités et faux-semblants, entre virtuel et réel, Arsène apprend à naviguer d’un monde à l’autre, là où les frontières s’estompent. Mais pour aller où ? L’enjeu est rien moins qu’innocent.

Le sombre et le dérangeant côtoient l’émerveillement devant les potentialités du monde, qu’il soit réel ou virtuel. Ce roman de formation, par son côté dystopique, parfois cynique et désabusé, n’est pas sans rappeler le Neuromancien de William Gibson, certains textes fantastiques de Stephen King et, bien sûr, le film Matrix, qui a popularisé la confrontation du réel et du virtuel dans le monde d’aujourd’hui.

Numérique est le deuxième roman du triptyque que Les Métamorphoses d’Ovide ont inspiré aux auteurs ukrainiens Marina et Sergueï Diatchenko. »

Avant tout, il faut savoir que la trilogie est composée de tomes indépendants, ainsi il n’est pas nécessaire d’avoir lu Vita Nostra pour comprendre celui-ci. Cependant, d’après mon expérience de lecture, je trouve que l’ordre a un sens et que lire Numérique après le premier tome a son importance.

En effet, la matière est très proche pour les deux. Les intrigues se ressemblent pas mal et les schémas narratifs font largement écho l’un à l’autre. C’est pourquoi, bien que j’ai apprécié le début de ce deuxième tome, la répétition a un peu usé mon enthousiasme. Le premier chapitre introduit l’univers et le personnage principal, Arsène. Ce dernier est un adolescent fan de jeux vidéo, si bien qu’il passe sa vie devant l’ordinateur, au grand dam de ses parents. Mais son personnage, qu’il incarne dans un jeu en ligne, est menacé au point que lui-même est en danger dans la réalité. Toute cette partie, propre à l’univers, et présentant la personnalité du personnage, est très intéressante et passionnante en guise d’exposition. Toutefois, une fois cela passé, on retrouve l’idée d’embrigadement, de tests, de menaces, et de piège qu’il y avait avec l’Institut dans Vita Nostra. J’avais alors l’impression que l’on revenait aux mêmes problèmes avec les mêmes situations et qu’ainsi la fin serait trop prévisible.

Je me suis donc mise à avancer plus vite, croyant que le temps à y passer ne vaudrait pas tant le coup. Et finalement… Même si la fin se rapproche encore une fois du premier tome, la position est différente. Ce qui fait cette différence, ce sont les personnages et leurs caractères dissemblables. J’ai trouvé qu’Arsène était beaucoup plus maître de lui-même dans sa métamorphose. Ses intentions sont plus ouvertement révolutionnaires et volontaires surtout. Cependant, le fait que la fin soit soumise à une volonté supérieure en la personne de Maxime montre l’enfermement et l’envergure de la manipulation dans toute l’intrigue. Au contraire de Vita Nostra, où la fin est présentée comme incontrôlée. Ce renversement me ramène à penser que ce livre vaut le détour et arrive à se distinguer du premier malgré une matière très proche. Ensuite, la différence d’environnement, les jeux vidéo, la réalité augmentée poussée à un stade extrême, quasi inimaginable pour nous, apportent son lot de questions autour de ces problématiques ultra prégnantes dans notre société, tant d’un point de vue humain que technologique. Ça m’a un peu fait penser à un Black Mirror en fin de compte (et cette comparaison me paraît être un euphémisme ; même si j’ai du mal à exprimer ce que cela veut dire, si ça veut dire quelque chose). Néanmoins, la vision très pessimiste des jeux vidéo et du numérique qui transparaissent, je n’y adhère pas complètement personnellement. Mais cela va avec la nature dystopique du ton employé.

A noter : j’ai trouvé fascinant la manière dont le personnage vit ses évolutions à mesure qu’il est exposé à des technologies. Et c’est grâce à la façon dont cela est retranscrit dans le style. Celui-ci mêle réalité et capacités de jeux vidéo, au point que les deux se confondent et nous perdent, aussi bien que le personnage se perd à force de vivre à travers les jeux vidéo. D’autant que le style des auteurs nous permet bien d’assimiler les perceptions des personnages dans leur forme immatérielle, alors que rien de tout cela n’est vraiment tangible de notre point de vue. Je trouve ça très réussi et très fort.

D’autre part, on peut voir, semées dans le texte, des allusions à Vita Nostra. Ça peut paraître anecdotique, de simples clins d’œil, mais je pressens (et j’ai envie d’y croire malgré le côté peut-être déjà vu) que les deux sont liés de manière plus strict que ce que l’on voit actuellement. Comme un genre d’organisation derrière tout ça, vous voyez ? Peut-être serait-ce trop simple, mais ça ferait bien sens. A voir dans le tome 3. Et puis, curieusement (je ne sais pas si pour ceux qui l’ont lu, cette impression vous est apparue aussi), en lisant la fin de ce deuxième tome, il m’a semblé comprendre un peu mieux celle du premier. Même si ça reste vague, j’ai l’impression de la capter avec un tout petit peu plus de précision.

Pour conclure, je dirais que j’ai tout de même préféré Vita Nostra. Il a pour lui le côté première expérience de lecture face à ces auteurs, et l’ambiance Dark academia qui m’est chère (mais cela, c’est très personnel). Cependant, Numérique apporte bel et bien quelque chose en plus dans le fond de la saga avec beaucoup de subtilité. Même si ma lecture a été légèrement mitigée, je ne suis pas déçue d’être allée jusqu’au bout, bien au contraire. J’ai hâte de voir ce que nous réserve le troisième tome, pas encore disponible.

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