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Diluées, Anthologie ActuSF

« Te souviendras-tu de moi et de tous ces jours où la passion a triomphé ?

J’ai pris toutes les formes et ai voyagé à toutes les époques. J’ai exploré toutes les régions, tous les silhouettes. Je suis changeant, mobile, fluide et langoureux. Les amours qui m’honorent sont diverses, elles l’ont toujours été.

Laisse-moi te guider au creux de mes souvenirs, prends les formes que j’ai prises, salue les corps que j’ai enlacés. Me suivras-tu à ton tour ? Me rencontreras-tu dans cette vie-là ? »

Diluées est une anthologie en 7 nouvelles sur le thème de l’érotisme queer. Chacune explore le sujet à travers des histoires très différentes les unes des autres, offrant une disparité dans la temporalité, l’univers et les sociétés.

Elle me laisse globalement une bonne impression. Avec la première nouvelle, Ereshkigal de Morgane Stankiewiez, ce recueil commence fort. Une langueur délicatement brutale qui mêle froid et chaud dans un monde futuriste pour un personnage perdu, désabusé, en quête de soi. C’est d’emblée l’une de mes préférées.

Et puis Couleur d’écume, par Morgan of Glencoe, nous embarque en mer pour une aventure pirate pleine d’énergie, vive et palpitante.

Vœux électriques, de Karine Rennberg, nous ramène à terre pour l’Exposition universelle de Paris où une fée nous fait observer un amour naissant. J’ai particulièrement apprécié le point de vue, extérieur et rapproché à la fois, et la relation entretenue par le narrateur et le lecteur.

Et puis Bouches d’incendie, de Cordélia, qui je l’avoue m’a moins touché que les précédentes. L’histoire est bien, et les personnages sont doux et on sent tout de suite une patte assez militantiste mais il m’a manqué quelque chose pour en faire un récit plus marquant.

Vieilles connaissances de Nadège da Rocha remonte le temps pour faire revivre la chevalerie médiévale, mais choisit de renverser les codes en mettant en scène des chevaleresses rompues à leur métier qui se retrouvent et se lancent ensemble malgré elles dans une aventure. J’ai bien aimé le caractère des personnages qui apporte une ambiance plus légère et drôle. Et un grand merci pour rappeler l’existence du mot chevaleresse, et des chevaleresses tout court en fait.

Pour Alpha Beauty de Théodore Koshka, j’ai bien aimé le concept des trois genres, et d’une écriture qui les reflètent clairement, tout en les associant à quelque chose d’ultra normé et d’étouffant. Mais j’ai été déstabilisée par les personnages et la structure du récit. Je comprends la froideur des personnages qui répond à cette société tout en règles liées à une hiérarchie prédéfinie. Toutefois, au-delà de cela ils m’avaient l’air très indifférents voire vides, et c’était très étrange. Une révélation finale vient dénouer le tout, apportant plus de sens et de chaleur, et en même temps je ne suis pas certaine qu’elle m’ait totalement convaincue dans la résolution de l’intrigue. J’aurai aimé plus de développement, je pense.

Pour finir, J. M. Corrèze, avec Comme un soleil, prend une dimension plus mystique. Le temps se déroule complètement dans ce seul texte, une entité vient à incarner plusieurs personnages et ressentir l’amour sous ses nombreux traits. Ce texte poétique, chaleur et rêveur vient ouvrir autant qu’il conclut le recueil avec beaucoup d’élégance.

Une très bonne anthologie donc, avec un sujet très intéressant, important et plutôt bien retranscrit par de belles plumes et beaucoup de sensibilité. Je n’ai quasiment rien à en redire. Cependant, j’aurai aimé un peu plus de textes pour renforcer la volonté de représenter une partie de « toutes les réalités et toutes les caresses » évoquées dans l’avant-propos. Certes on a déjà là des amours, des identités, des orientations, des genres et des univers pluriels, mais il y en a tellement d’autres qu’il aurait été agréable d’en dépeindre plus que 7.

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3 réflexions au sujet de “Diluées, Anthologie ActuSF”

  1. Je rejoins ton avis – général comme pour chaque nouvelle, même si je suis plus tranchée pour Alpha Beauty, qui m’a vraiment mise très mal à l’aise !.
    Cette anthologie m’a sortie de ma zone de confort (je ne lis pas d’érotisme) mais je n’ai pas regretté du tout !

    Aimé par 1 personne

    1. Je ne lis pas vraiment d’érotisme non plus en général, mais celui-ci valait le coup. Je comprends pour Alpha beauty, le concept utilisé déplace le problème
      des étiquettes liées aux genres et aux sexes sans vraiment le transcender. J’ai plus envie de voir ça comme une dénonciation extrême et brutale, mais c’est très particulier.

      Aimé par 1 personne

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