On se retrouve aujourd’hui pour discuter de deux mangas que j’ai énormément aimé. L’un était attendu, l’autre non. Tous deux se sont avérés surprenants.
J’avais vu passer la sortie de A l’image de Mona Lisa via l’Instagram des éditions Akata, une maison d’édition de mangas que j’affectionne beaucoup pour ses choix éditoriaux et les sujets qu’elle prend soin de mettre en avant. Cette nouvelle saga me faisait très envie par son thème qui est la non-binarité, et par la manière dont celui-ci est mis en place. En effet, les personnages de ce manga naissent tous sans genre, et c’est à partir d’un certain âge que chacun détermine s’iel est un homme ou une femme. Or on suit un personnage qui, à 18 ans, demeure ni l’un ni l’autre. S’iel ne s’en inquiète pas tant et ne veut pas être spécifiquement l’un ou l’autre, son entourage, et notamment ses deux meilleurs amis, vont l’inciter à enfin changer. Ce qui est loin de conforter notre personnage, qui jusque-là se sentait très bien tel qu’iel était. Mais au-delà de son souhait, d’autres facteurs vont se révéler problématiques pour son avenir : les pressions extérieures qui apparaissent très vite poussant à choisir entre homme ou femme (à voir d’ailleurs comment ces pressions [venant notamment de ses amis] évolueront et déboucheront ou non).
J’ai beaucoup aimé ce premier tome, qui prend le temps de poser les bases de son personnage et de l’univers, mais qui est aussi très vite dans l’intrigue et les questionnements des personnages principaux. C’est un bon tome, équilibré. Du fait des informations que nous donne l’histoire, j’ai hâte de lire la suite pour découvrir comment vont réagir le personnage et ses amis.
J’ajoute aussi que je trouve les dessins très beaux et j’apprécie notamment les touches de vert qui parsèment les planches page après page.
Quatrième de couverture : « Avec À l’image de Mona Lisa…, Tsumuji Yoshimura propose une romance originale, qui questionne au passage les normes genrées de nos sociétés.
Bienvenue dans un univers où les enfants naissent sans attributs sexuels. C’est autour de l’âge de douze ans, vers la puberté, qu’en fonction de son ressenti, chaque personne décide : devenir femme ou homme. Mais Hinase a presque dix-huit ans et ne veut pas choisir. Hélas, dans ce monde trop binaire, tandis que la fin du lycée approche, son entourage lui met la pression… à commencer par Shiori et Ritsu, ses deux camarades d’enfance qui ont réalisé leurs sentiments pour Hinase. C’est le début d’un triangle amoureux complexe… »
Pour ce qui est d’A tire d’aile, je ne connaissais ni le manga, ne même la maison d’édition. Cela dit, ce fut une excellente découverte, de l’un comme de l’autre. Effectivement, je trouve remarquable la qualité de l’objet : les jeux de matières sur la jaquette sont très beaux ; le papier est plutôt épais, et je trouve que les illustrations en ressortent mieux. Ça peut paraître peu mais il y a quelque chose de plus net et de plus profond.
Ce manga est une adaptation d’une nouvelle que je ne connaissais pas, encore une fois. L’histoire est très belle et touchante, tragique et mélancolique, mais avec tout de même un souffle d’énergie et de vie puissant. Il y a un côté conte de fées, avec tous ces enfants qui jouent dans la forêt et cette tour, avec Gigi qui se distingue et qui devient autre, se cache et se montre en même temps.
C’est un récit bouleversant et beau, bien qu’il laisse une part d’amertume, une amertume qui n’est d’ailleurs pas si négative.
Quatrième de couverture : « Au début du XXe siècle, le personnage de Zigomar, criminel masqué créé par Léon Sazie, déchaîne les passions et l’imagination des jeunes garçons. Gigi et Kiki sont de ceux-là, tout comme le reste de leur petite bande. Des gamins ordinaires.
Mais Gigi est différent : plus fort, plus beau, plus charismatique, il suscite l’admiration et parfois la peur de Kiki, qui tente de le cerner.. »
Voilà donc deux beaux mangas que je vous conseille fortement. Ils sortent un peu de l’ordinaire et déversent des messages doux et poétiques avec délicatesse, subtilité et une grande esthétique.
